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Résumé
La remise en question des classements et des indicateurs dans le champ de la recherche s’est faite en France à partir du célèbre classement de Shanghai et des propositions visant l’évaluation individuelle des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Contrairement aux controverses qu’ils ont suscitées, cette intervention propose de s’intéresser aux effets des classements et des indicateurs quantitatifs en les replaçant dans le contexte particulier d’une politique publique axée sur les relations science-industrie. A travers le cas d’un pôle de compétitivité spécialisé dans le domaine des activités numériques (Cap Digital), il s’agira dans un premier temps de questionner les formes de quantification qui ont été utilisées pour justifier la création de ce pôle, puis de montrer que l’usage d’indicateurs et de classements produit des effets sur les activités décrites. En contraignant à faire remonter des données chiffrées, le pilotage des pôles de compétitivité tend à redéfinir les critères de reconnaissance des acteurs, et en même temps les chiffres utilisés deviennent rapidement insuffisants pour les organisations impliquées (ministères, services déconcentrés, collectivités territoriales...). En replaçant dans l’histoire de ce pôle de compétitivité les indicateurs et les classements qu’elle permet de construire, la quantification a un effet paradoxal. Les conventions sur lesquelles s’accordent les acteurs et les organisations sont progressivement mises en question produisant ainsi une inflation de demandes d’indicateurs et de classements.
Renaud Debailly est maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne, chercheur au Groupe d’études des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne.
Clément Pin est enseignant contractuel de science politique à l’université de Rouen, doctorant au Centre de recherche sur l’action locale (PRES Sorbonne-Paris-Cité – université Paris 13).